Mise en fumée (d'une Légère Inquiétude)
Exposition, Légère Inquiétude, sur une proposition de la commissaire d'exposition indépendante, Pascale Krief.
avec None Fytbol Club, Léa Le Bricomte, Leyla Cardenas, Olivier Magnier, Saad Qureshi, Valerie Vaubourg, David Renault, Claire Froës, Théo De Cueltzl & Octave Marsal, Toshio Hosokawa, Boris Raux et Aloîse Todeschini.
Et si nos légères inquiétudes ne se laissaient pas si facilement à voir ?
Mise en fumée (d'une Légère Inquiétude) est une intervention olfactive in-situ construite à partir de la combustion de l’ensemble des matériaux qui compose l’exposition.
Coup de baquette magique ou autodafé, c’est littéralement une partie de l’exposition qui part en fumée. Geste ambiguë, entre regard attentionné au travail des autres et travail dans le dos des autres, entre esprit collectif et égocentrisme, cette intervention in-situ prend essence dans la matière des autres, se fait discrète, invisible ou presque mais pourtant elle laisse une légère trace sur tout et partout. Immatérielle ou plutôt dématérialisée, cette œuvre olfactive n’en demeure pas moins pénétrante. Peut-être va-t-elle même vous mener par le bout du nez dans le souvenir de vos légères inquiétudes personnelles ?
En effet, l’odeur ici vous est probablement familier. Peut-être vous rappelle-t-elle un de vos moments d’égarement qui a bien failli faire tout basculer ?
Que s’est-il vraiment passé ?
Est-ce un acte délibéré d’effacement ou la trace d’un accident au cœur du système de monstration ?
Est-ce l’histoire d’une œuvre composée à partir des autres qui n’a pas réussi à atteindre l’exposition et qui s’est volatilisée en chemin ?
Est-ce l’histoire d’une prise de pouvoir invisible sur l’espace d’exposition?
Cette mise en fumée (d’une Légère Inquiétude) ne reflèterait-elle pas notre inquiétude grandissante de ne plus avoir de moyen d’action sur notre système social autre que le disparition ? Disparition individuelle ou collective, c’est un processus révolutionnaire qui effectivement laisse de la place au nouveau mais reste néanmoins une annihilation de beaucoup d’efforts passés à faire société. C’est une destruction de capital, de patrimoine même, et non une meilleure répartition. Il faut ici tout refaire. « Rien de grave » dirons certains : dans un système fini rien ne se perd, l’énergie globale est toujours conservée. Fait scientifique irréprochable mais l’énergie a perdu ici tout potentiel utilitaire. Elle est devenue un produit de bout de chaîne, un produit tellement dissout qu’il nous glisse entre les mains et se refuse à tout «re-enactement» matériel. Game Over ?

