La Douche Froide - exposition personelle
Musée International de la Parfumerie
2 bd du Jeu de ballon, 06130 Grasse
5 décembre 2014 - 30 mars 2015
L’exposition, la douche froide, peut se vivre comme une tentative de rencontre avec un corps propre et le propre du corps.
Regroupant une quarantaine d'oeuvres de ces dix dernières années, nous voilà transposés au fil de l’exposition, en explorateur de cette question complexe mais qui nous suit sans cesse:
Qu’est-ce qui fait corps aux odeurs du corps?
Aborder le corps par le biais de ses odeurs et de ses parfums, c’est l’épaissir d’une nouvelle dimension.
Il devient incarné. Peut-être plus vrai ? Du moins, plus réaliste, moins simpliste.
Oscillant de couches en couches, des plus superficielles et communes que peuvent représenter le monde des déodorants bon marché, à des couches plus épidermiques et intimes qui peuvent inciter la confrontation à un corps étranger, il n’est pas question ici de donner des réponses mais plutôt de donner forme à cette question.
Quoiqu’il en soit, nous sommes invités à adopter la posture centrale d’un corps agissant et critique vis à vis de ce qui nous entoure.
Le corps-à-corps devient inévitable.
Corps-à-corps rapproché ou distancié.
Corps-à-corps assumé ou refoulé.
Corps-à-corps avec soi-même ou avec l’autre.
Corps-à-corps social ou isolé.
Corps-à-corps fantasmé ou biologique...
La question du corps s’infiltre partout. C’est forcément une question à laquelle il est impossible d’échapper. Du moins de notre vivant.
à propos,
En écho à l’exposition estivale Bains, Bulles et Beautés, qui a permis aux habitants du Pays de Grasse et à de nombreux touristes du monde entier de découvrir une histoire de l’hygiène du XVIIIe siècle à aujourd’hui, le MIP achève l’année 2014 par une exposition d’art contemporain surprenante. Boris Raux, artiste plasticien qui place l’odorat au cœur de son travail, a eu carte blanche pour investir les espaces du musée avec plusieurs créations et proposer un parcours original.
Jouant avec une séduction visuelle assumée mais où l’humour vient subtilement troubler une première vision purement décorative ou trop immédiate, les installations de Boris Raux, qui peuvent atteindre à la monumentalité, offrent au spectateur une expérience olfactive que l’on peut qualifier de totale. Tous les sens sont convoqués pour que le visiteur participe physiquement à l’exploration de ses propres odeurs naturelles mais aussi artificielles. Pour Boris Raux, si l’odeur est un marqueur individuel et personnel, c’est aussi un phénomène de société. Son univers, centré sur l’odorat est celui d’un humaniste. Et, par un jeu d’accumulation, de répétition d’objets courants liés au nettoyage, à la propreté, il organise, avec une efficacité curieuse, au milieu de la banalité et de l’ordre, avec, notamment, une abondance récurrente d’objets « ready made », un chaos final, une individualisation par les odeurs remettant sérieusement en question des poncifs de notre société de consommation.
Cette exposition consacrée à la création contemporaine est une première qui s’inscrit dans la démarche entamée par le Musée International de la Parfumerie dès sa réouverture en 2008 par la constitution d’une collection ambitieuse d’œuvres contemporaines, avec notamment Jean-Michel Othoniel et Gérard Collin-Thiébaut.
Je suis donc très heureux, pour ma première exposition depuis mon arrivée en octobre, de pouvoir proposer, cet hiver, le travail de l’artiste plasticien Boris Raux qui élabore, à partir de l’odorat, une œuvre plastique faisant appel à tous nos sens pour une réflexion sur notre individualité et sa position fragile dans notre société.
Olivier Quiquempois
Conservateur du patrimoine, Directeur des Musées de Grasse


















