http://www.franceculture.fr/emission-l-atelier-interieur-numero-35-parfum-odorama-2012-04-23
23h et s’ouvrent les corolles. C’est l’impact de milliards de molécules sur des milliards de récepteurs qui fait l’odeur. Nos sens sont chimiques. Même si celui de sentir est conditionné par la vie que l’on a menée. Nous n’avons pas de vocabulaire commun pour dire. Le parfum est forcément privé, lié à un état d’âme passé. L’image de départ ce soir serait celle-là : alignés sur une commode, un savon, un parfum, un démaquillant, un soin. C’est un portrait olfactif, celui de Paulette et c’est une photo de l’artiste Boris Raux. Le corps se trouve exactement là : entre son odeur naturelle et l’artificielle. Entre lui et sa parure. Puisqu’arrêter de sentir c’est arrêter de respirer c’est arrêter d’exister. L’odeur est le témoin de la vie. Il faut la préserver, comme la sueur de l’être aimé. On se hume avant de s’aimer. Il faut au moins une fois connaître une peau jusqu’à savoir les nuances qu’elle donne au fil des heures à son parfum. Le parfum est un discours et il se formule par ceux qui le créent. Ce soir on aimerait imaginer un parfum en soi et pour aucun flacon, une fragrance choisie pour l’instant et sans épate. Une essence. Imaginons l’émission en odorama, en parfum c'est-à-dire à l’aide de la fumée puisque c’est un art du sillage, de pouvoir exister une fois éclipsé. De pouvoir être aimé juste après. Inspirez, expirez. Inspirez, expirez. Le rythme est le bon, c’est le cœur des jeunes gens et sa transpiration.
Aurélie Charon
